Un parc moderne dans le désert égyptien

Hu Yifeng
et Nasser Abdel Aal(Egypte)

En conduisant à partir du Caire vers le sud-est, on traverse un immense désert parsemé de quelques dattiers. Au bout de 120 km, on arrive au bord de la mer Rouge, où se dresse un grand obélisque.

Celui-ci se trouve au milieu de la route et divise notre vue en deux parties distinctes : d’un côté, c’est le désert et de l’autre, une oasis. Celle-ci abrite la Zone de coopération économique et commerciale sino-égyptienne TEDA Suez. On y trouve des rues goudronnées bordées de dattiers et de palmiers, qui assurent une certaine fraîcheur sous le soleil de plomb. Des fleurs roses et blanches parsèment la zone, qui regroupe un bâtiment d’administration, des immeubles résidentiels, des hôtels, des magasins, des banques, etc.

Bienfaiteur des entreprises locales

Mike sort du hall de service de la Zone de coopération, un tas de documents dans les mains. Directeur d’un département d’une usine d’appareils électriques, il vient de terminer le dédouanement des produits à exporter. Celui qui l’a reçu est toujours Monsieur Li, agent de la Société de développement de la Zone de coopération. Le dédouanement s’est accompli sans aucun problème, comme les fois précédentes.

En marchant dans la Zone de coopération, Mike était assailli par mille sentiments. En seulement une dizaine d’années, la Zone de coopération a tout ce qu’il faut à sa disposition : rues, approvisionnement en eau et électricité, système de vidange, équipements de communication, et encore d’autres installations auxiliaires. Ses rues, ses bâtiments et ses usines lui confèrent un aspect ordonné et propre.Les véhicules y circulent sans arrêt, présentant aux yeux une zone moderne. Il est difficile de croire que cette oasis animée était autrefois un bout de désert aride.

En pensant à M. Li, Mike est un peu ému. Ils sont de vieux amis. Lorsque son usine s’est installée dans la Zone de coopération, c’est M. Li qui l’avait aidé à remplir les formalités. Ce qui l’avait le plus impressionné, c’étaient les services « guichet unique » que M. Li pratiquait. Celui-ci lui a expliqué que la Zone de coopération était basée sur l’idée de « centrage sur les investisseurs », et qu’elle fournissait aux entreprises non seulement des locaux d’usine et des bureaux, mais un ensemble de services pour favoriser leur enquête, leur installation et leur exploitation, tout en leur assurant la logistique et la sécurité, afin de permettre aux entreprises de se concentrer sur leurs activités.

Ces engagements ont été remplis. Lors de la construction de l’usine où travaille Mike, la Société de développement de la Zone de coopération a mis en place plusieurs équipes de services. L’équipe commerciale a assisté l’usine dans son enregistrement et son achat d’équipements ; l’équipe de construction a apporté son aide dans le remplissage des formalités de construction ; l’équipe de ressources humaines a travaillé pour faciliter la mutation du personnel, le recrutement des employés et l’interprétation des politiques d’emploi des salariés ; l’équipe de finances a fourni les services consultatifs concernant l’impôt, le prêt, le dédouanement, etc.

Alors que tout est fait pour favoriser l’opération des entreprises dans la Zone de coopération, est-ce que l’on pense aux employés ? Est-ce que leur vie devrait être monotone ? Afin de dissiper les doutes de Mike, M. Li lui avait fait visiter les facilités pour la vie locale. Il y a des appartements, des hôtels, des magasins, des banques, des restaurants, des salles de sport, un gymnase, une bibliothèque et même un grand parc à thème, rare en Egypte. C’est presque une petite société à elle-même. Tout cela avait rassuré Mike.


Parc à thème TEDA

Grâce aux services complets et efficaces de la Zone de coopération, la construction de l’usine s’est passée sans à-coups. En parallèle,la Société de développement de la Zone de coopération travaillait en synergie avec le gouvernement local pour accélérer le processus d’approbation. Au final, l’usine d’appareils électriques est entrée en activité avant terme.

De temps en temps, Mike croise des gens qui se précipitent vers le hall de service. Souriant, Mike est convaincu que leur entreprise va également se développer rapidement dans la Zone de coopération.

Un « platane » qui attire des « phénix dorés »

Un dicton chinois dit : « Celui qui a un platane dans sa cour verra venir à lui un phénix doré ». La Zone de coopération TEDA ressemblait à un platane planté dans le désert, qui a fait venir un grand nombre de phénix dorés. Elle constitue une belle référence pour attirer des investissements étrangers en Egypte.

Rares sont les Egyptiens qui connaissent la fibre de verre. C’est un matériau chimique fabriqué à partir de roches naturelles. L’Egypte recèle d’abondantes ressources minières dont le quartz, le kaolin et le calcaire, ce qui constitue une base favorable à la fabrication de la fibre de verre. Mais il y avait très peu d’entreprises locales spécialisées dans l’extraction de minerais locaux avant l’arrivée de la société chinoise Jushi.


Dans un atelier de Jushi.

Jushi est l’un des leaders mondiaux dans la fabrication de la fibre de verre. En 2014, Jushi Egypte a été créé dans la Zone de coopération TEDA. Depuis cinq ans, Jushi Egypte connaît une croissance rapide, avec une production annuelle passée de 80 000 tonnes à 200 000 tonnes, dont 90 % sont exportées à l’étranger. Aujourd’hui, l’Egypte est devenue le cinquième producteur de fibre de verre au monde et le premier producteur en Afrique.

Ce « phénix doré » apporte encore plus que cela.

En explorant le panel de fournisseurs locaux, Jushi Egypte a trouvé une entreprise disposant d’une grande quantité de minerais bruts qui, malheureusement, était incapable de fournir des minerais traités répondant à ses exigences. La société a donc envoyé des techniciens auprès de cette entreprise, et l’a aidée à mettre en place un système de gestion de la qualité, afin d’améliorer la qualité des produits et l’efficacité de la production. Avec une capacité de production presque doublée, cette entreprise est devenue la numéro un du secteur de l’extraction de minerais au Caire.

En évoquant la coopération avec Jushi Egypte, le responsable de cette entreprise se félicite : « Depuis 2016, qui marque le début de notre coopération, nous tirons beaucoup de bénéfices de l’assistance de Jushi, qu’il s’agisse de l’exploitation de l’entreprise ou de la gestion de la qualité des produits. J’espère que cette coopération durera pour toujours. »

Ce n’est pas un cas isolé. En raison de la forte demande en matières premières, Jushi Egypte a établi des liaisons avec 13 fournisseurs locaux, réalisant une valeur d’achat annuelle de 200 millions de livres égyptiennes (environ 11,15 millions d’euros).

De plus, Jushi Egypte a favorisé le regroupement et la transformation des entreprises en aval.

Future Pipe Industries au Caire est une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes de canalisations en fibre de verre. Ayant dû importer de la fibre de verre de l’étranger, elle en achète aujourd’hui auprès de Jushi Egypte à un prix beaucoup plus avantageux, le coût des stocks étant considérablement réduit.

Après Jushi, China Hengshi Foundation s’est également installée dans la Zone de coopération TEDA afin de construire des usines pour fabriquer le tissu en fibre de verre utilisé dans la production d’éoliennes, ce qui promeut le développement de l’industrie de hautes et nouvelles technologies en Egypte.

Dans la Zone de coopération, ces « phénix dorés » sont nombreux. Ces entreprises se sont intégrées dans l’économie locale et constituent une force importante pour la croissance de l’Egypte.

Un moteur pour réaliser les rêves

La Zone de coopération TEDA accorde une attention particulière à la formation des talents locaux. Elle organise régulièrement des stages de formation sur place, et envoie un certain nombre d’excellents employés et gestionnaires suivre des formations en Chine, formant ainsi des talents spécialisés dans l’exploitation, la construction et la gestion de la Zone de coopération. Aujourd’hui, plus de 90 % des employés de la Société de développement de la Zone de coopération ainsi que plus de 80 % des cadres moyens et supérieurs sont Egyptiens. Pour beaucoup d’habitants locaux, la Zone de coopération leur permet de réaliser leur rêve.

Parmi eux, on trouve Nahla Emad, directrice générale de la Société de développement de la Zone de coopération. Un an après la mise en chantier de la Zone de coopération, Nahla a appris que celleci recrutait du personnel chargé de l’introduction des investissements. Elle a donc postulé, mais la société l’a refusée, craignant que les conditions de travail soient trop pénibles pour une femme. Entêtée, elle a posé sa candidature à plusieurs reprises, s’efforçant d’obtenir des entretiens d’embauche.

Finalement, touchés par sa persévérance, les responsables de la Zone de coopération l’ont recrutée. Après son entrée dans la société, ses collègues chinois l’ont aidée sans réserve, lui enseignant des méthodes de travail et toutes sortes de compétences nécessaires. Elle a même été envoyée en Chine pour suivre un stage de formation, ce qui lui a permis d’élever rapidement sa qualification professionnelle.

Dix ans plus tard, elle est devenue directrice générale. « Dans la Zone de coopération, affirme Nahla, les Egyptiens et les Chinois sont égaux et travaillent ensemble dans une ambiance agréable. Les employés égyptiens jouissent de possibilités de promotion tout comme les Chinois. »

Dans la Zone de coopération, il y a beaucoup de jeunes égyptiens comme Nahla. Enthousiastes et ouverts, ce sont des hommes et femmes d’action. En travaillant avec ardeur, ils améliorent leur vie petit à petit. Ils sont témoins du développement de la Zone de coopération et de la contribution de celle-ci à leur pays.


Pyramides vues de loin

Nous sommes tous« habibi »

Au cours de son développement, les travailleurs chinois dans la Zone de coopération ont noué des liens étroits avec les habitants locaux et ils sont devenus « habibi » (ce qui signifie « chéri » ou « bon ami » en arabe).

En janvier 2011, en raison de la crise politique en Egypte, la ville de Suez était en plein chaos, mettant en danger les entreprises dans la Zone de coopération. Un groupe de Bédouins habitant les environs est venu spontanément la protéger. Installés là depuis des générations, les Bédouins sont libres comme l’air et font grand cas de la justice. Au cours de la construction de la Zone de coopération, ils sont devenus amis avec les travailleurs chinois. Habillés de robes et de keffiehs à damiers et équipés d’armes, des Bédouins ont monté la garde à toutes les entrées de la Zone de coopération contre les émeutiers, afin de défendre leurs « habibi » chinois en ce moment crucial.

Lorsque la Zone de coopération a été menacée par la pénurie en vivres et en eau, une voiture chargée de pain et d’eau potable est arrivée de la ville de Suez. Le conducteur était Essam, employé de la Zone de coopération.

Essam avait rejoint la Zone de coopération lors de sa construction et pour lui, ses collègues sont comme la famille. Au moment où la ville était dans le chaos et les magasins étaient fermés, Essam a d’emblée pensé à la sécurité de ses collègues qui étaient à des dizaines de kilomètres. Il a fait de son mieux pour trouver de l’eau potable et du pain, et a traversé la ville dangereuse pour les acheminer à ses collègues. Plus tard, Essam a reçu la médaille de Héros de la Zone de coopération.

« Je me suis marié à 26 ans, confie-t-il tout ému. Je n’ai pas eu ma propre maison avant l’âge de 40 ans. C’est grâce à la Zone de coopération que j’ai pu me payer une maison et élever mes quatre enfants. Les membres de TEDA sont mes amis et ma famille. Je suis prêt à les défendre avec ma propre vie ! »


Zone de coopération TEDA Suez pour la première tranche

Grâce aux efforts des employés chinois et égyptiens, la Zone de coopération n’a subi aucune perte en vies et en biens durant la crise.

De son côté, la Zone de coopération participe vigoureusement aux activités caritatives locales telles que : subventionner la construction de mosquées, financer des installations pour l’enseignement dans les écoles, octroyer des bourses, soutenir financièrement des foyers de l’enfance et sponsoriser la deuxième édition du Concours de talents des étudiants égyptiens et chinois.

Pendant le Ramadan, la Zone de coopération organise conjointement avec d’autres institutions un événement caritatif pour distribuer des cadeaux à des orphelins égyptiens. En janvier 2016, le Fonds de charité TEDA a été créé et un don de 200 000 livres égyptiennes a été fait à une fondation locale destinée à aider les enfants égyptiens souffrant d’une maladie cardiaque. En mai 2017, des employés de la Zone de coopération ont visité un hôpital d’enfants dont le fonctionnement dépend entièrement des dons. Ils ont offert des cadeaux aux enfants hospitalisés et fait des dons en argent, en souhaitant que les enfants se rétablissent au plus vite.


Zone de coopération TEDA Suez pour la deuxième tranche

La Chine et l’Egypte ont eu des échanges culturels il y a mille ans. Alors que le fleuve de l’histoire coule continuellement, l’amitié entre les deux pays ne cesse de se renforcer. Aujourd’hui, la Zone de coopération TEDA, telle une perle, brille au bord du canal de Suez. Ses réalisations permettent à de plus en plus d’Egyptiens de se mettre en route vers leurs rêves et d’insuffler une nouvelle vitalité à leur pays très ancien.

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Résumé du projet

La Zone de coopération économique et commerciale sino-égyptienne TEDA Suez a été créée en 2008 avec le financement conjoint de Tianjin TEDA Investment Holding et le Fonds de développement Chine-Afrique.

La Zone de coopération couvre une superficie de 7,34 km², au sein de laquelle la zone initiale occupe 1,34 km². La construction et la mise en exploitation de la zone initiale ont été achevées, au terme d’un investissement total de 109 millions de dollars américains. Cette zone abrite quatre secteurs pilotes : les nouveaux matériaux de construction, les équipements pétroliers, les équipements à haute et basse tension, et la construction mécanique. La zone élargie qui s’étend sur 6 km² sera construite en trois tranches, chaque tranche occupant 2 km² ; l’investissement total prévu est de 230 millions de dollars américains.

En janvier 2016, le président chinois Xi Jinping et son homologue égyptien ont inauguré le projet de l’élargissement de la zone. Ayant bénéficié d’un investissement de 63 millions de dollars, la construction des infrastructures de la première tranche s’est achevée, et sept entreprises, parmi lesquelles Guangzhou Dayun Motorcycle et Xiamen Yanjan New Material, s’y sont installées. La promotion des investissements de la deuxième tranche a été lancée avant terme.