Le « château d’eau » d’Afrique de l’Ouest transformé en« pylône électrique »

Hu Yifeng
et Foromo Denis Sagno (Guinée)

Le billet de banque est souvent considéré comme une « carte de visite nationale » reflétant la culture sociale d’un pays. C’est également un moyen pour le pays d’afficher son image. Par conséquent, le choix des motifs sur le papier-monnaie a toujours été très recherché.

En Guinée, le motif du verso du billet de 20 000 francs guinéens, soit celui à la plus grande valeur, représente la centrale hydroélectrique de Kaléta construite par une entreprise chinoise. Au moment de l’émission du billet par ce pays, la construction de la centrale hydroélectrique de Kaléta était encore dans sa phase finale. Malgré cela, l’image de la centrale a été mise sur le billet de banque. C’est la première fois en Guinée, mais c’est également rare dans le monde.


La centrale hydroélectrique de Kaléta sur le verso du billet de 20 000 francs guinéens

Ce qui est intéressant, c’est que le motif sur le verso du billet de 5 000 francs guinéens est aussi une centrale hydroélectrique. Il s’agit de la centrale de Kinkon, construite par la Chine dans les années 1960, soit la toute première centrale hydroélectrique construite après l’indépendance de la Guinée.

La Guinée est connue comme le « château d’eau » d’Afrique de l’Ouest. Depuis plus d’un demi-siècle, la Chine et la Guinée s’unissent pour développer l’industrie hydroélectrique en Guinée, et la Chine aide la Guinée à réaliser progressivement son rêve de transformer le « château d’eau » en « pylône électrique » de l’Afrique de l’Ouest.


La centrale hydroélectrique de Kinkon sur le verso du billet de 5 000 francs guinéens.

Le rêve d’une centrale hydroélectrique

La Guinée, berceau de trois principaux fleuves d’Afrique de l’Ouest, le Niger, le Sénégal et le Gambie, jouit d’un potentiel d’au moins 6 millions de kilowatts de ressources hydroélectriques. L’utilisation de l’énergie hydroélectrique est le rêve de plusieurs générations de Guinéens. Cependant, en raison de la faiblesse des assises économiques et de l’incapacité d’une exploitation à grande échelle, le taux de développement des ressources hydrauliques en Guinée reste faible.

Dans le passé, l’approvisionnement en électricité était très déficient en Guinée. Même dans la capitale, Conakry, il était courant de subir plusieurs dizaines de coupures de courant par jour.

En 2015, après l’achèvement de la centrale hydroélectrique de Kaléta, la situation a beaucoup changé. Cela a résolu à long terme non seulement le problème de la pénurie d’électricité à Conakry, mais les alentours peuvent également utiliser directement la puissance fournie par la centrale hydroélectrique. S’en est également suivie une vague d’achats d’appareils ménagers sur le marché de Conakry, et les téléviseurs et réfrigérateurs de certains magasins étaient en rupture de stock.

La vie des gens ordinaires a également beaucoup changé. Dans le passé, le villageois Kama se couchait tôt le soir. Depuis qu’il a acheté un téléviseur et du matériel de sonorisation, il passe souvent son temps à regarder le football en direct avec des amis et à crier « bravo » aux équipes qu’il soutient. Le week-end, il organise également une fête avec d’autres villageois pour chanter et danser sur la place illuminée.

Quand il se remémore la cérémonie d’inauguration de la centrale hydroélectrique, il se sent toujours très excité.


La rivière Konkouré

Ce jour-là, la musique traditionnelle de Guinée retentissait sur la centrale hydroélectrique de Kaléta. Les gens chantaient et dansaient au son de la musique. Les femmes, la tête enveloppée dans un foulard coloré, et les hommes, un ruban rouge noué autour de la tête, dansaient gaiement au rythme unique des tambours africains en signe de joie sincère. « Le président de la Guinée, les dirigeants, ministres et ambassadeurs en Guinée venant d’une douzaine de pays d’Afrique, ainsi que plus de 2 000 spectateurs ont assisté à la cérémonie du commencement de la production d’électricité ! » se souvient Kama, le visage affichant un sourire qui respirait la joie et la satisfaction.

En effet, dès le début du XXe siècle, la Guinée avait eu pour plan de construire la centrale hydroélectrique de Kaléta, mais elle n’avait pas pu le concrétiser. Maintenant, ce rêve centenaire est enfin devenu réalité !

Une chorale sur la rivière Konkouré

Le projet de Kaléta est le premier grand projet hydroélectrique en Guinée et n’a fondamentalement aucune procédure préétablie à suivre.

Le chef d’un village voisin a dit : « Je gère la station hydrométrique sur le fleuve Konkouré. Lorsque les premiers ingénieurs chinois sont venus ici faire une enquête, je leur ai servi de guide. Mais les villageois ne croyaient pas qu’une si grande centrale hydroélectrique puisse être construite sur le fleuve Konkouré. »

Le chef du village n’a pas exagéré. La construction de la centrale hydroélectrique de Kaléta a en effet rencontré de nombreuses difficultés inattendues.

Tout d’abord, l’acheminement des travailleurs et des matériaux dans le chantier de construction posait un premier gros problème.

Au départ, de Conakry au site du projet, il n’y avait qu’un seul chemin de terre, coupé par une rivière sur plus de 200 mètres de large. Les véhicules devaient compter sur un bac pour traverser. Une fois le projet démarré, la première chose à faire a donc été d’aménager la route et de construire un pont pour assurer la liaison nécessaire au projet, afin que les gros équipements, le personnel et les matériaux puissent entrer sans encombre dans le chantier.

Moins d’un mois après la mise en chantier officielle du projet, le pont temporaire de Bailey a été construit, et le chemin délabré est devenu une route large et lisse. Cette route crée non seulement des conditions favorables pour l’accomplissement du projet, mais facilite également la vie de la population locale. Grâce à cette route, les denrées, les bananes, le charbon, etc. peuvent être facilement transportés vers de grandes villes telles que Conakry et Dubreka, et les villageois ont vu leurs revenus augmenter. Ils se sont rendus sur le site du projet pour exprimer leur profonde gratitude aux amis chinois par des chansons et des danses emplies de caractéristiques locales.

Le manque de matériaux de construction était un autre problème majeur.


La centrale hydroélectrique de Kalét

La base industrielle locale disponible est relativement pauvre, avec seulement quatre cimenteries. La plupart des équipements et matériaux devaient être achetés à l’étranger. L’entreprise chinoise en charge de la construction du projet, China International Water and Electric Corporation (CWE), relevant du groupe Trois Gorges de Chine, a mobilisé son réseau international de fournisseurs partenaires pour achever rapidement l’achat d’équipements et de matériaux et garantir l’avancement du projet. Les gros équipements électromécaniques tels que les générateurs hydroélectriques sont même arrivés dans le chantier en avance.

Les exigences techniques élevées et la complexité de l’environnement de construction représentaient un troisième obstacle.

Outre la tâche principale de la construction d’une centrale hydroélectrique, le projet comprenait également la transformation du réseau électrique urbain et rural, la mise en place de sous-stations et de lignes de transmission, la construction d’autoroutes et de ponts et d’autres réalisations, et couvrait plusieurs domaines dont notamment la construction de barrages sur la rivière, la dérivation de l’eau pour la production d’électricité, la transmission et la transformation de l’électricité, ainsi que la distribution de l’électricité aux foyers. La ligne de construction entière s’étendait sur 160 kilomètres, de la jungle tropicale peu peuplée à la capitale animée en passant par des villages éparpillés comme des étoiles dans le ciel. L’environnement de construction complexe était sans aucun doute une épreuve.

« Plus on fait d’efforts aux champs, plus on a de céréales au grenier ». L’équipe du projet a surmonté diverses difficultés et a fini par achever l’ensemble du projet dans les délais prévus...

La menace de mort

Les constructeurs qui se battaient en première ligne étaient confrontés non seulement à divers problèmes de construction, mais également à des conditions de travail pénibles et même à de grandes menaces telles la mort et la maladie.

La Guinée connaît des périodes de canicule toute l’année. Ici, sur ce sol rouge, les constructeurs chinois transpiraient à grosses gouttes. Après une journée de travail, les vêtements étaient trempés par la sueur.

Le paludisme était aussi une épreuve qu’ils devaient surmonter. Au cours de la construction du projet, plus de 95 % des employés chinois ont été infectés par le paludisme à divers degrés et certains ont même souffert de crises consécutives.

Plus effrayant encore, ils étaient également menacés par Ebola, synonyme de mort. En effet, début 2014, le virus Ebola a été découvert en Guinée. Alors que le nombre de décès liés au virus continuait d’augmenter, de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest ont été plongés dans la peur. Les entreprises à capitaux étrangers en Guinée se sont retirées les unes après les autres et certaines compagnies aériennes ont bloqué les vols vers la Guinée.

Malgré la gravité de l’épidémie, les travailleurs chinois ont continué de travailler dur sur le site de la centrale hydroélectrique de Kaléta. Alors que le virus Ebola sévissait, ils étaient parmi les quelques étrangers qui n’ont pas quitté la Guinée.

Un travailleur guinéen ayant participé aux travaux sur place s’en souvient bien : « Je n’oublierai pas les Chinois qui restaient obstinément fidèles à leur poste sur le site de construction à cette époque-là. Ils n’étaient pas effrayés par le virus, ils ne nous ont pas abandonnés. »

Le projet de la centrale hydroélectrique de Kaléta, que le paludisme, le virus Ebola et de nombreuses autres épreuves sévères n’avaient pas ébranlé, progressait avec un rythme intensif et ordonné. Au final, la centrale a été intégralement mise en service six mois plus tôt que prévu et le projet de transmission et de transformation de l’électricité a mis fin à son essai encore plus tôt que la centrale, ce qui a permis de résoudre à l’avance le problème du canal de puissance produite.

Ne pas abandonner, ne pas céder, c’est ce sens des responsabilités et de l’implication dans leur mission qui a permis aux entreprises chinoises de gagner les éloges du gouvernement et du peuple guinéens.


La centrale hydroélectrique de Kaléta joue la symphonie du développement futur

Le bonheur est à partager par tous. Une fois la centrale hydroélectrique achevée, l’équipe du projet a participé activement à l’amélioration des structures publiques locales.

Sur le terrain de football nouvellement construit, retentissaient les cris d’encouragement des employés chinois et guinéens ; dans la mosquée construite à proximité du chantier de construction, s’entendaient les prières des fidèles locaux à l’aurore ; dans les nouvelles salles de classe modernes, ondulaient les sons rythmiques de la lecture, qui sonnaient comme la symphonie du développement en marche.

« Comme l’eau qui coule, la vertu profite à toute chose quand on ne cherche pas à rivaliser avec elle. » Avec l’aide des amis chinois, ce « château d’eau » qu’est la Guinée est en train de devenir un véritable « pylône électrique » en Afrique de l’Ouest. Ce nouveau rôle a donné un nouvel élan au développement économique de la Guinée et même de l’Afrique de l’Ouest.

Depuis la centrale hydroélectrique de Kinkon jusqu’à celle de Kaléta aujourd’hui, le peuple chinois a toujours collaboré avec le peuple guinéen pour faire de la Guinée une puissance énergétique. Les deux centrales sont comme deux monuments sur lesquels est inscrite l’amitié entre les deux pays. Elles illuminent le ciel nocturne de la Guinée grâce à leur puissance inépuisable résultant d’une profonde amitié et éclairent l’espoir du développement futur.

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Résumé du projet

A ce jour, la Chine a aidé la Guinée à construire plusieurs centrales hydroélectriques de différentes manières.

Le projet hydroélectrique de Kaléta est un projet clé du gouvernement guinéen en matière énergétique. Il consiste principalement à construire une centrale hydroélectrique d’une capacité installée de 240 000 kilowatts et à mettre en place une ligne de transmission et de transformation de 225 kilovolts. China International Water & Electric Corporation (CWE), relevant du groupe Trois Gorges de Chine, a achevé le projet au bout de trois ans et l’a mis en service en 2015. La capacité installée de la centrale hydroélectrique de Kaléta équivaut à la capacité installée totale de la Guinée avant la construction de la centrale. L’achèvement et la mise en service de la centrale ont ainsi doublé l’accès à l’énergie de la Guinée, profitant directement à au moins 4 millions d’habitants, soit un tiers de la population totale de la Guinée.

La centrale hydroélectrique de Kinkon est située à Pita, en amont de la cascade de Kinkon, sur la rivière Kokoulo, en Guinée. Commencée en 1963 et achevée en 1966, il s’agit d’une centrale de dérivation de l’eau du réservoir à régulation saisonnière. Grâce à une réparation en 1988 et une transformation en 2006, la centrale dispose aujourd’hui d’une capacité installée de 4 × 850 kW avec une production annuelle moyenne de 16 × 106 kWh.