Le nouveau parc industriel à Sihanoukville

Hu Yifeng
et Sem Menghou (Cambodge)

La province de Sihanoukville, au Cambodge, jouit d’un paysage côtier unique, de plages au sable fin et d’eaux couleur azur. En conduisant vers l’est sur 12 kilomètres, vous pourrez voir un nouveau quartier industriel moderne, avec un flux important de voitures et de personnes.

C’est ici qu’est établie la zone économique spéciale (ZES) de Sihanoukville, surnommée « bol de riz doré » par les habitants. Grâce au développement de la ZES, le revenu annuel par habitant de Sihanoukville a atteint 3 358 dollars américains en 2018, ce qui a propulsé la ville en première position au Cambodge. Le Premier ministre du Royaume du Cambodge, Hun Sen, a assisté à la cérémonie d’inauguration de la ZES. Il s’y était rendu à plusieurs reprises pour prêter une attention particulière à son développement.


Paysage de plage du port de Sihanoukville

Faire d’une plage stérile un « bol de riz doré »

La ZES était à l’origine une plage stérile, sans routes, ni eau courante, ni électricité, ni internet. Le taux de pauvreté de la commune de Modelang dépassait les 60 %. Les villageois vivaient principalement de la plantation de cultures et de la chasse. Ils dépendaient de la nature pour vivre et toute une famille ne pouvait espérer gagner plus d’une vache par an.

Construire un parc moderne sur une plage si désolée n’était pas chose facile et les constructeurs de la ZES ont surmonté de nombreux problèmes inattendus. En l’absence d’électricité, des générateurs diesel ont été utilisés pour en produire ; en l’absence d’eau, des puits ont été forés pour s’approvisionner en eau ; en l’absence de logements, des casernes simples ont été construites. Malgré six mois de pluies, la construction du parc n’a connu aucune interruption.

Les difficultés au cours de la construction étaient nombreuses. Les murs construits le premier jour pour encercler le chantier sont tombés dès le lendemain, et certains équipements de construction sont tombés en panne de manière inexplicable...

La gestion du projet comportait-elle des négligences ? S’agissait-il d’actes de vandalisme ?


Aspect initial de l’emplacement de la ZES

Après une période d’enquête, les travailleurs de la ZES ont finalement trouvé la cause : les villageois craignaient qu’après la métamorphose de la plage désolée, il n’y aurait plus de pâturages pour le bétail...

Afin de dissiper les inquiétudes des villageois, l’équipe de construction s’est rendue dans les villages. Ils ont assuré aux villageois qu’ils les emploieraient en priorité pour travailler dans les entreprises de la zone, et leur offriraient une formation professionnelle...

« Nous promettons que vous pourrez gagner une vache en trois mois ! »

C’est ainsi que, après avoir surmonté toutes sortes de difficultés, la ZES s’est finalement établie sur cette plage déserte tandis que l’équipe du projet tenait également son engagement envers les villageois.

En tant qu’« ouvrier de haut niveau » formé par la ZES, Chanthou Thom éprouve beaucoup de gratitude. Auparavant, il travaillait parfois comme ouvrier du bâtiment, trouvait du travail à temps partiel et allait pêcher en mer, mais la majorité du temps, il était au chômage, sans revenu.

Après être entré dans la société de production de vêtements Hodo, installée dans le parc, Chanthou Thom a pu jouir d’un revenu stable et est devenu un excellent chef d’équipe de la ligne de production après avoir étudié avec acharnement. Il a expérimenté une méthode de travail efficace qui a plus tard été nommée « Méthode de travail Chanthou Thom », et qui est présentée sur le tableau d’affichage de l’atelier pour que chacun puisse en tirer des leçons.


Situation actuelle de la ZES

Chanthou Thom a déclaré avec fierté que son travail dans la ZES constituait un tournant et un nouveau point de départ dans sa vie. Maintenant, sa femme et son jeune frère y travaillent également. La famille a un revenu stable et a pu acheter une camionnette. Leur vie s’améliore de jour en jour.

Comme Chanthou Thom, de nombreux individus sont devenus ouvriers dans le domaine de l’industrie et ne sont ainsi plus dépendants de la nature pour vivre. Aujourd’hui, grâce au « bol de riz doré » qui se trouve entre leurs mains, leur vie a complètement changé et leur indice de bonheur s’est considérablement élevé.

Le développement de l’industrie main dans la main

La ZES a non seulement fourni un « bol de riz doré » aux populations locales, mais elle a également tracé un plan de développement clair et pragmatique visant l’intégration en profondeur du développement industriel de la ZES dans le développement économique et social local.

La ZES, en collaboration avec le gouvernement local, fournit également une gamme complète de services aux entreprises. Le « guichet unique » facilite l’implantation locale et le développement des entreprises. Le Centre de services juridiques fournit des conseils juridiques professionnels aux entreprises, et le Marché du travail aide les entreprises à recruter des employés.


Comparaison entre le passé et le présent du village proche de la ZES

Avec l’implantation des entreprises produisant notamment des textiles, des vêtements, des bagages et des articles en cuir, la chaîne industrielle s’est progressivement étendue et le système d’appui s’est amélioré, donnant naissance à une nouvelle zone industrielle dynamique.

Horseware Ireland, une entreprise irlandaise qui produit principalement des tenues d’équitation, jouit d’une grande réputation dans le monde entier. En tant que l’une des premières entreprises implantées dans la ZES, la production et les ventes de l’entreprise connaissent une croissance considérable. D’après le responsable de l’entreprise, la ZES est en constante évolution, l’environnement de production et des affaires ne cesse de s’améliorer et sa popularité augmente. Cela l’a convaincu de prendre racine ici.

Colia est une entreprise chinoise de maroquinerie moderne. Elle a doublé sa production dans l’année qui a suivi son implantation dans la ZES. De plus, Colia a également entraîné l’implantation d’autres entreprises en amont et en aval, spécialisées notamment dans la production d’éponges, de bois et de cartons, donnant naissance à une chaîne industrielle élémentaire d’articles ménagers.


Comparaison entre le passé et le présent du village proche de la ZES

Aujourd’hui, les constructeurs ne ménagent aucun effort pour créer une version améliorée de la ZES et cherchent à attirer des entreprises pionnières et des projets clés, qui aident à faire s’y implanter de multiples entreprises en amont et en aval, afin de mettre en place une chaîne industrielle dans le parc.

Des gens heureux dans le nouveau parc industriel

Sok Theara vivait dans la commune de Modelang. Il y a quelques années, elle est entrée dans une entreprise de la ZES où elle travaillait comme traductrice, ce qui lui a permis, dès le début, de gagner plus de 300 dollars par mois. Ce travail a changé sa vie et pour le commémorer, elle s’est donnée un nom sinisé : Chen Xiuli.

Aujourd’hui, la maison initialement en bois de Chen Xiuli est devenue une maison en briques équipée de tous les meubles et appareils électriques nécessaires. Sa famille, dont la vie a également changé, est très reconnaissante envers la ZES.

Sokhem, spécialiste de la maintenance des appareils électriques, avait initialement ouvert une boutique dans le centre-ville de Sihanoukville. L’établissement de la ZES lui a permis d’entrevoir des opportunités d’affaires. Il a alors immédiatement déplacé sa boutique dans un village situé à proximité de la ZES.


Siège du Centre de services de la ZES

Avec le développement continu de la ZES, son commerce devient de plus en plus prospère, et il touche des revenus de près de 500 dollars par mois. Il se félicite particulièrement de sa décision. Concernant la ZES, il est encore plus reconnaissant : « Les affaires de la boutique vont de mieux en mieux. Je suis reconnaissant envers la ZES qui m’a apporté tant d’activités. »

Le chef de la province de Sihanoukville avait effectué une visite informelle dans les villages situés autour de la ZES. Les villageois lui avaient dit avec joie que depuis la création de la ZES, tout le monde avait un bon travail, que leurs revenus avaient augmenté et que l’ordre public avait également été considérablement amélioré. Le chef de la province a alors dit avec émotion : « La ZES joue un rôle très important dans la promotion de l’économie du Cambodge, en particulier celle de Sihanoukville. Son développement a considérablement amélioré le niveau de vie des villageois locaux. »

Aujourd’hui, un consensus a été trouvé : c’est dans la ZES que l’on étudie, travaille, et vit heureux.

L’omniprésence de la ZES

Dans les villages avoisinants de la ZES, il circule ces mots: « Dirigez vous vers la ZES en cas de difficultés ! » Dans la vie quotidienne, la ZES a noué une profonde amitié avec la population locale.

Dès le début de la construction de la ZES, les jeunes employés de celle-ci profitaient souvent de leur temps libre pour dispenser gratuitement des cours à l’école primaire de la commune de Modelang. Cette petite école était délabrée. Elle n’avait pas les moyens de payer l’électricité, et l’électricité nécessaire à l’enseignement n’était pas continuellement garantie. Après avoir compris la situation, la ZES a pris l’initiative de payer les factures d’électricité de l’école et d’améliorer ses conditions pédagogiques.


Ancienne salle de cours de l’école primaire de la commune de Modelang

Au Cambodge, les frais de scolarité et de livres pour les élèves des écoles publiques de la première à la douzième année étant pris en charge par le gouvernement, les parents n’ont qu’à participer à hauteur d’environ 100 dollars par an pour les frais divers. Pourtant, certaines familles pauvres n’ont toujours pas les moyens nécessaires et certains étudiants sont obligés de quitter l’école en raison des difficultés financières de leur famille. La ZES a donc lancé une action de solidarité. Ses employés parrainaient, sous forme de « jumelage », les élèves brillants sur le plan moral et scolaire, issus de familles en difficultés financières. Aujourd’hui, le décrochage scolaire n’existe plus.

En collaboration avec le gouvernement de la province chinoise du Jiangsu, la ZES a construit à l’école une salle audiovisuelle, un bâtiment d’enseignement, un terrain de basketball, une plateforme d’approvisionnement en eau et une bibliothèque, et lui a offert des équipements sportifs et vêtements neufs. Le président de l’école a déclaré avec joie : « Notre école est maintenant l’école la plus avancée du coin en matière d’équipements pédagogiques. »

Afin de faire des populations locales des ouvriers qualifiés, la ZES a organisé des formations professionnelles avec comme disciplines étudiées l’anglais, le chinois, la gestion, le commerce, la comptabilité, l’informatique et la logistique, formant au total plus de 40 000 stagiaires.

Un jour, le Premier ministre Hun Sen a visité la ZES et s’est enquis du salaire des travailleurs. Un ouvrier a répondu : « Je peux toucher 450 dollars par mois parce que je parle chinois ! » Le Premier ministre Hun Sen lui a immédiatement demandé : « Que signifie “Wo Ai Ni” en chinois ? » L’ouvrier a immédiatement lâché : « Je t’aime ».

Chaque année, la ZES verse des dons en argent à la Croix-Rouge cambodgienne ainsi que des dons en riz et en eau embouteillée aux sinistrés locaux. Depuis 2015, la ZES a successivement organisé à cinq reprises des consultations médicales ambulatoires gratuites en collaboration avec l’équipe médicale chinoise dans la province de Sihanoukville, et près de 8 000 patients locaux ont été traités.


Situation actuelle de l’école primaire de la commune de Modelang

Maintenant, en entrant dans la ZES, vous pourrez voir ses ateliers animés et bien ordonnés de chaque côté du boulevard de l’Industrie. En dehors, les boutiques pleines de clients, les nouvelles maisons des villageois et leurs voitures garées devant les bâtiments attirent particulièrement l’attention. On entend parler et rire aux éclats. Le bonheur et la satisfaction se lisent sur les visages euphoriques.

C’est ici qu’ils mènent désormais une belle vie, et ils continueront de travailler avec la ZES pour avancer vers un avenir plus prometteur.

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Résumé du projet

La zone économique spéciale du port de Sihanoukville, soit le plus grand port du Cambodge, se situe dans le district de Prey Nob dans la province de Sihanoukville. Elle a été construite par des entreprises chinoises dont notamment le groupe Hodo en collaboration avec le Groupe cambodgien d’investissement et de développement internationaux, avec une superficie planifiée de 11,13 kilomètres carrés.

Depuis 2013, la ZES s’est engagée dans une voie de développement rapide et le nombre d’entreprises installées dans le parc industriel a considérablement augmenté. A la fin de 2018, la ZES comptait 153 entreprises provenant de Chine, d’Europe, d’Amérique, d’Asie du Sud-Est et d’autres pays et régions. Les 139 entreprises industrielles œuvrent notamment dans les domaines du textile, de la maroquinerie, des machines, de l’électronique et de la menuiserie. Les investissements cumulés de la ZES ont atteint un total de 657 millions de dollars, tandis qu’une valeur de production totale de 1 001 millions de dollars a été réalisée, et plus de 22 000 emplois ont été créés.