« Sunmaker » crée l’avenir

Ren Feifan
et Aiayo Fiona (Ouganda)

A Kampala, capitale de l’Ouganda, un bâtiment de deux étages rouge et blanc nouvellement construit se démarque sur ce terrain jaune. De jeunes hommes noirs, en uniforme, équipés de casques de protection blancs et de bottes noires, entrent à pas légers dans le bâtiment. Il héberge Sunmaker Oil & Gas Training Institute (dénommé ci-après « Sunmaker ») créé en Ouganda par quatre jeunes hommes chinois nés dans les années 1990.

L’institut fondé en 2017 a formé un total de 2 000 professionnels en Ouganda. L’institut bien équipé propose des formations sur la technique, la sécurité, la théorie et la gestion de ressources telles que le pétrole et le gaz, contribuant à l’élévation du niveau technique des jeunes africains.

Un institut aidant à changer le destin

Sam, 26 ans, est diplômé de « Sunmaker ». Il est maintenant patron d’un atelier de soudure de cinq employés. Il fabrique plusieurs dizaines de produits en fer dont des lits, des portes, des fenêtres et des grilles, lui rapportant un revenu mensuel de 3 millions de shilings ougandais (soit environ 720 euros), tandis que le salaire mensuel moyen des habitants locaux n’est habituellement que d’environ 400 000 shilings ougandais. De plus, entre 60 % et 70 % des jeunes hommes n’ont pas d’emploi. Par rapport à eux, Sam mène une vie « relativement aisée ».

Tout cela est dû à la formation dont il a bénéficié à « Sunmaker ». Pourtant, à ce moment-là, Sam avait des doutes : De quelle sorte d’école s’agit-il ? Qu’est-ce que je pourrais y apprendre ? Pourrais-je m’adapter au mode d’enseignement des Chinois ? Après avoir commencé sa formation, ses doutes ont été progressivement remplacés par de nouvelles connaissances et la surprise quotidienne.

Pour que les stagiaires apprennent les techniques de soudure les plus avancées, l’institut a invité des enseignants chinois du plus haut niveau ; pour qu’ils comprennent mieux les cours, l’institut a invité des traducteurs professionnels pour ses enseignants.

Sam a été choqué en voyant le site pour la soudure. L’institut a préparé aux stagiaires des barres suffisantes à souder. Ces barres, importées pour la majorité, coûtaient cher. Les autres instituts ne donnaient aux stagiaires que cinq ou six barres pour tout un semestre. Il lui a semblé que « Sunmaker » préférait une pratique suffisante au coût.


Formation internationale de soudage

Chaque matin, l’enseignant distribuait des matériaux. Des groupes de trois stagiaires s’associaient pour la pratique dirigée Après l’accomplissement de la pratique, l’enseignant réorganisait les stagiaires, et faisait un bilan global en se focalisant sur les problèmes communs. Grâce à ce mode de formation et d’enseignement très efficaces, Sam voyait sa technique de soudage graduellement améliorée. Après la formation, il a obtenu un certificat de soudeur (Certified Welder ou CW) de l’American Welding Society. Cela représentait un niveau incroyable pour les habitants locaux.

Après avoir obtenu son diplôme par « Sunmaker », Sam a découvert que les produits finis de soudage à usage civil sur le marché n’étaient pas de bonne qualité, les pièces étaient souvent endommagées. L’idée lui est donc venue de créer sa propre société. Il a emprunté de l’argent à ses parents et amis pour acheter une machine de soudage de qualité. En comptant sur les compétences qu’il avait apprises à « Sunmaker », il a gagné en notoriété. Sa société s’est ainsi développée.

Sam se rappelle souvent ses études à « Sunmaker », persuadé qu’elles ont changé son destin. Ces trois mois d’études ont indiqué la direction à ce jeune homme qui n’avait jamais envisagé de futur et lui ont présenté un avenir prometteur. « Je pense à recruter 20 employés au cours des deux prochaines années ». En évoquant cet objectif, il est très fier. Cela a ému ses proches.

Les camarades de Sam ont tous bénéficié de la formation de «Sunmaker ». Après la formation, 100 % des stagiaires ont pu trouver un emploi, soit beaucoup plus que les 30 % habituels. Leur salaire était deux ou trois fois plus élevé que celui des soudeurs ordinaires locaux. Parmi les 30 stagiaires, 14 travaillent dans des entreprises chinoises basées en Ouganda, 12 dans des entreprises ougandaises, deux sont devenus enseignants et deux ont créé leurs propres entreprises.

Cette formation a également changé le destin de deux de ses camarades, Vincent et Julius. Après la formation, Vincent a été champion au 1er concours de compétences techniques organisé par le ministère de l’Education et du Sport. Julius est arrivé deuxième en soudage au 1er concours de compétences techniques d’Afrique organisé par les Olympiades des métiers (WorldSkills).

Construire un pont reliant les ouvriers et les entreprises

Ces dernières années, la construction croissante d’infrastructures en Afrique a entraîné une demande active en matière de techniciens. Cependant, les techniciens ne représentent que 0,5 % de la population africaine. D’un côté, un grand nombre de jeunes africains sont au chômage, de l’autre côté, les entreprises ont des difficultés à recruter des techniciens. Le développement africain a donc besoin de formations techniques et professionnelles de haute qualité.

En 2017, les fondateurs de « Sunmaker » ont effectué une enquête sur le continent africain, au bout de laquelle ils ont décidé de s’y installer pour développer la formation. Après avoir pris connaissance des conditions de plusieurs pays, ils ont choisi l’Ouganda pour commencer leur œuvre en Afrique.

L’Ouganda comptait très peu d’instituts professionnels, et ils manquaient d’équipements ou d’enseignants. La majorité des machines fournies par l’étranger étaient mises au repos, certaines n’avaient même pas été désemballées, sans parler d’être utilisées pour former des stagiaires.

Sunmaker » a comblé efficacement les besoins de l’Ouganda en matière de techniciens. Juste après l’établissement de l’institut, un producteur local de lampadaires est venu chercher les fondateurs. L’entreprise, appelée Victoria, produit principalement des supports de lampes. Bien qu’elle ait été créée il y a des années, avec sa technologie relativement dépassée, les variétés de sa production restaient limitées, et son développement était lent. Elle avait un besoin urgent d’améliorer le niveau de soudage de ses techniciens, de fabriquer davantage de produits de bonne qualité, de saisir les opportunités apportées par la croissance économique rapide de l’Ouganda, pour conquérir le plus vite possible le marché.


Formation sur place des employés de Victoria

«Bien que “Sunmaker” soit une nouvelle école, elle a des enseignants compétents et des équipements avancés », a dit le responsable de Victoria. « J’apprécie beaucoup sa conception qui consiste à combiner la théorie et la pratique. Après avoir visité plusieurs écoles professionnelles, je l’ai choisie sans la moindre hésitation. J’espère que la formation pourra élever le niveau de soudage de mes techniciens et contribuer à la diversification des produits et à l’élargissement du marché pour mon entreprise. »

Après avoir pris connaissance en profondeur de la technique de soudage de Victoria, « Sunmaker » a conçu un projet destiné à ses techniciens, avec une formation en face à face. Cette formation de trois mois a permis d’améliorer considérablement la technique de ses 16 soudeurs. L’un d’eux a pu souder 10 supports par jour, contre 3 avant la formation. La rentabilité mensuelle a augmenté de 60 %. La production s’est également diversifiée : aux supports de lampes se sont ajoutés des tuyaux de grande taille et des récipients hermétiques.

Actuellement, « Sunmaker » a signé des mémorandums avec plusieurs entreprises ougandaises sur la coopération en matière de formation des talents. De plus, il a signé des accords avec le ministère ougandais de l’Eduction et du Sport et l’Université du Pétrole de Chine (campus de la Chine de l’Est) sur la construction conjointe d’un centre de formation en matière de technique de l’industrie pétrolière en Afrique de l’Est.

L’institut ressemble à une famille

En parlant d’Edith, tous les stagiaires ne peuvent s’empêcher d’exprimer leur appréciation. « Ici, nous avons non seulement amélioré nos compétences professionnelles, mais aussi ressenti une grande complicité », a ainsi écrit un stagiaire avec émotion dans son album souvenir. Puis il a écrit le nom d’Edith dans la marge en l’entourant de cœurs.

Edith est une employée locale de « Sunmaker ». Elle est chargée du fonctionnement interne de toutes les formations, y compris les programmes d’enseignement, l’invitation des enseignants, le logement des stagiaires et la restauration. Malgré la lourdeur de sa charge de travail, Edith l’accomplit dans la joie.

Début 2019, Edith était triste parce que sa mère avait été hospitalisée en raison d’un cancer. Les frais médicaux étaient inabordables pour cette jeune femme qui avait tout juste commencé à travailler. Elle avait l’air soucieux à cause de ce fardeau familial. Après avoir pris connaissance de sa situation, l’institut l’a encouragée et a payé les frais d’hospitalisation de sa mère. Plus tard, sa mère est décédée en raison de l’aggravation de son cancer. L’institut a invité des employés locaux àl’accompagner et à la consoler. Petit à petit, Edith a repris courage et retrouvé l’espoir dans la vie.


Sunmaker Oil & Gas Training Institute

Maintenant, Edith s’engage dans le travail encore plus intensément. Elle s’est portée candidate pour étudier en master à l’Université Makere. Cela lui a ouvert une fenêtre toute neuve favorable à son avenir. Elle dit souvent avec fierté : « L’institut est ma famille. »

La grande famille de « Sunmaker » a permis à d’innombrables jeunes hommes d’avoir la possibilité de créer une vie magnifique. Certains diplômés universitaires, sans aucune expertise en matière d’enseignement, sont devenus de grands enseignants ; certaines femmes de ménage sont devenues des cadres dans l’administration…

«Utiliser le savoir pour mettre en valeur les ressources matérielles afin de créer un nouveau soleil » est l’objectif de l’institut. Les quatre jeunes Chinois, d’un enthousiasme sans fin, n’ont pas épargné leurs efforts et l’énergie de leur jeunesse sur le continent africain. Ils ont réussi leur carrière ensemble, avec de jeunes Ougandais.

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Résumé du projet

Sunmaker Oil & Gas Training Institute a été fondé par quatre docteurs diplômés par l’Université de Pékin, l’Université des relations économiques et commerciales avec l’étranger et de l’Université du Pétrole de Chine. L’institut œuvre pour améliorer les compétences professionnelles des jeunes Africains afin de renforcer la capacité d’auto-développement de l’Afrique, de changer la structure des ressources humaines du continent, et d’améliorer la capacité de développement autonome des pays africains. Actuellement, le siège de l’institut se situe en Ouganda, avec des agences au Kenya, en Tanzanie, en Ethiopie et au Nigéria.

L’institut a été construit en juin 2018 sur une superficie de 14 000 m2, couvrant une zone d’enseignement, une zone d’habitation et une zone administrative. Il peut fournir des cours à 600 stagiaires et des logements à 200 stagiaires. Actuellement, l’institut propose des cours dans quatre domaines : l’opération technique, l’ingénierie pétrolière, l’administration et le système de gestion QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement). Il a accompli 28 programmes qui ont formé plus de 2 000 stagiaires.