Miroslav Radanovic, responsable des achats, a commencé à travailler à l’aciérie il y a 15 ans. A cette époque, cette dernière venait d’être vendue à une société étrangère pour 23 millions de dollars américains et jouissait d’une bonne exploitation. Pour Miroslav, travailler dans une grande entreprise comme celle-ci lui assurerait une vie stable. Ebloui par ce bonheur, il a acheté un terrain, dans la perspective d’y construire une maison et d’y fonder une famille.

Malheureusement, la crise financière de 2008 a entraîné un déclin de l’aciérie. Le nombre de commandes ne cessant de chuter, elle fit face à des déficits pendant plusieurs années consécutives. Pendant une période, un seul haut fourneau était en marche, peinant à maintenir la production. Désespérés, les employés étaient inquiets pour eux-mêmes et pour leur famille.

En 2012, la situation a empiré. La société étrangère a retiré son investissement et le gouvernement serbe a racheté l’aciérie au prix d’un dollar symbolique, dans l’espoir de trouver de nouveaux investisseurs.

L’aciérie a repris la production. Toutefois, en raison du vieillissement des installations et d’autres facteurs, sa production d’acier n’atteignait pas le tiers de sa capacité pendant plusieurs années. De plus, à cause de la pauvre diversification et de la faible valeur ajoutée de ses produits, l’aciérie a ensuite enregistré un déficit d’au moins 120 millions d’euros par an. Afin de maintenir sa survie, les salaires des employés ont été réduits à deux reprises. N’ayant pas d’autres solutions, ceux-ci n’avaient qu’à accepter malgré leur situation déjà difficile.

Le salaire de Miroslav ayant été réduit et n’ayant pas été payé à temps, la banque qui était en passe de lui accorder un prêt est revenue sur sa décision. Il a ainsi dû vivre dans sa maison inachevée. Les rêves de Miroslav se sont brisés l’un après l’autre. La pression énorme de cette situation a même remis en cause son projet d’avoir un bébé alors qu’il était marié depuis neuf ans.

En avril 2016, la société chinoise HBIS Group a signé avec le gouvernement serbe un contrat portant sur l’acquisition de l’Aciérie de Smederevo pour un montant de 46 millions d’euros, et cette dernière a été rebaptisée HBIS Serbia. Le deuxième mois qui a suivi l’acquisition, l’acquéreur a octroyé un bonus à chaque employé afin de remonter leur moral. Cela a permis à Miroslav de reprendre espoir.

Famille de Miroslav

Fin 2016, après huit mois d’efforts, l’aciérie qui avait subi des pertes pendant sept ans consécutifs a connu une nette amélioration et les volumes de production et de vente ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis 2010.

Miroslav a achevé les travaux de sa maison avec l’argent qu’il a finalement pu emprunter à la banque, et en mai 2017, sa fille est née. Ses inquiétudes ont disparu grâce à la renaissance de l’aciérie et ses rêves commencent à se réaliser l’un après l’autre.

Depuis le bureau de Maria Petric, employée à l’aciérie, on peut voir « HBIS Serbia » inscrit en lettres géantes sur la pelouse bordant la route. Pas très loin, le Danube coule inlassablement, tout comme l’histoire de la nation serbe qui se poursuit.

Toutefois, pour Maria, le meilleur « paysage » reste celui d’une précieuse photo, qu’elle a téléchargée sur Internet et utilisée comme fond d’écran sur son ordinateur. Chaque fois qu’elle a des invités importants, elle raconte l’histoire de cette photo.

Nous étions le 19 juin 2016, deux mois après la création de HBIS Serbia, c’était le jour où le président chinois Xi Jinping est venu visiter l’aciérie. Le président et le Premier ministre serbes l’ont accueilli à l’entrée de l’usine, tandis que les employés et leur famille ont formé une haie d’honneur.

Les techniciens contrôlent la qualité des tôles d’acier

Excitée, Maria nous révèle un petit détail : ce jour-là, ses collègues ont décoré leurs équipements avec des drapeaux chinois et ces petites décorations ont été conservées depuis. « C’est ainsi que nous exprimons nos sentiments amicaux envers la Chine, affirme Maria. Nous sommes très contents de HBIS Serbia. Non seulement nos salaires ont augmenté, mais nos conditions de travail et l’exportation de nos produits ont également été améliorées. Tout le monde est satisfait. »

Les propos de Maria portent la voix de tous les employés. « Avec l’arrivée de nos amis chinois, disent-ils avec une vive émotion, notre usine s’est améliorée et nous avons retrouvé de l’espoir dans la vie. »

« Nous sommes honorés et fiers de la visite du président chinois, dit Golan Simich, qui travaille à l’Aciérie de Smederevo depuis plus de 20 ans. Mes collègues et moi sommes pleins d’espoir pour l’avenir. J’ai deux fils et j’espère qu’ils pourront travailler chez HBIS Serbia, en qui j’ai une totale confiance. » Ce souhait a amorcé sa concrétisation : de nombreux membres de la « deuxième génération » des employés de l’aciérie y sont entrés suite à des recrutements publics. Aujourd’hui, le personnel de l’aciérie ne comporte que 9 Chinois, tandis que quelque 5 000 employés sont des habitants locaux, dont certains occupent des postes de cadres supérieurs.

De nos jours, dans le spacieux atelier de laminage à chaud, les machines rugissent dans des nuées de vapeur, et des produits laminés passent régulièrement sur la chaîne de production. Après avoir traversé des vicissitudes, l’Aciérie de Smederevo a comblé ses espoirs de renaissance grâce à sa coopération avec la Chine. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre.